Eugénie Vallin, dite Ninon Vallin, naît le 8 septembre 1886 à Montalieu-Vercieu (Isère).
Toute petite, elle chante en toutes occasions, avec sa maman, sur les genoux de son papa. Plus tard, elle chante à l'usine de textile de Champier quand elle va y travailler pour sauver le piano de la famille, son père, notaire, étant, à cette époque, en grande difficulté financière.
La voix de Ninon est alors remarquée par le maire de Nantoin, le professeur Royon puis par une famille mélomane Bogenez-Chartron du Grand-Serre où la famille vient de s'installer. C'est décidé ! Ninon et sa sœur Blanche - qui chante aussi - vont au conservatoire de Lyon, où Ninon obtient 3 ans plus tard le premier prix et le prix d'honneur en 1910.
Un jour, l'Inspecteur Général fait sa tournée de contrôle au conservatoire de Lyon… "Que faites-vous ici, dit-il à Ninon après l'avoir entendue, votre place n'est plus à Lyon. Il faut venir à Paris."
En 1911, Debussy crée le Martyre de Saint Sébastien. Ninon est chargée de réaliser des enchaînements, car elle déchiffre bien… Debussy l'entend aux répétions, puis, après la Générale, exige qu'elle chante tous les solos.
En 1912, c'est Albert Carré, directeur de l'Opéra de Paris, qui la remarque lors d'un concert d'une compositrice amie du ministre Barthou, et la fait débuter dans Carmen. L'engagement à l'Opéra est
signé. En 1913, elle épouse un musicien italien, M. Pardo, dont elle se sépare peu de temps après.
Carré quitte l'Opéra et est remplacé par Gheusi qui fait à Ninon les pires vexations. Heureusement pour Ninon, en avril 1916, alors qu'elle chante dans un concert pour les blessés de la guerre, elle est remarquée par l'impresario sud-américain Da Rosa, directeur du théâtre Colon de Buenos-Aires.
C'est le début d'une carrière internationale : Milan, Istanbul, Le Caire, New York...
Elle revient en France, notamment en 1935 pour chanter sous la Halle de la Côte-Saint-André, pour l'inauguration du musée Berlioz.
Elle triomphe devant Roosevelt, devant la Reine d'Angleterre aux côtés du compositeur Reynaldo Hahn… c'est "l'Impératrice du chant", "l'Ambassadrice de l'Art" qui chante en espagnol avec le compositeur Manuel De Falla, en italien avec le chanteur Caruso ;elle participe à des
concerts pour les blessés, pour les œuvres de charité, pour les enfants en danger...
Dans ses pérégrinations, elle s'intéresse aux chants des Quechuas, des Maoris.
Tout au long de sa carrière, elle veut transmettre son savoir,
notamment sa méthode de respiration, technique apprise de son beau-frère M. Alphée Mathieu. Elle enseigne aux conservatoires de Lyon, Paris, Montevideo et à la Sauvagère, propriété située à Millery (Rhône) où elle s'installe à la fin de sa vie, donnant des cours, accueillant de jeunes chanteurs, accompagnée au piano par Mme Liliane Cellerier.
Elle a tout donné pour son Art.
Elle décède le 22 novembre 1961, jour de la Sainte Cécile - patronne des musiciens. Elle est enterrée au cimetière de Millery.